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Les magnétoscopes, c’est fini!

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Tu n’as probablement pas connu les magnétoscopes, les ancêtres des lecteurs DVD et Blu-Ray. Si tes parents en ont encore un, tu devrais leur conseiller de le garder précieusement.

En effet, le dernier fabricant de magnétoscopes dans le monde, invention qui a révolutionné l’usage de la télévision dans les années 1970 avant de devenir culte puis de lentement tomber dans les oubliettes, tire sa révérence.

Le groupe japonais Funai Electric, le dernier à avoir continuer d’en fabriquer, a annoncé l’arrêt d’ici fin juillet de la production de ces appareils.  « Un de nos fournisseurs jugeait difficile de continuer à fabriquer un composant pour un aussi faible volume, ce qui nous a conduit à prendre cette décision« , a expliqué à un porte-parole de Funai Electric, dont l’usine se trouve en Chine.

Nostalgie

Bien qu’aucun communiqué officiel n’ait été publié, la compagnie a été assaillie d’appels depuis qu’a filtré l’information dans les médias locaux. Parmi eux, un bibliothécaire gardant dans ses rayons des cassettes vidéo ou des gens désireux de visionner de vieux souvenirs, même s’il est possible de les numériser pour pouvoir les lire sur ordinateur.

Sur Twitter, les internautes affichaient leur nostalgie avec le hashtag « RIP magnétoscope« . « C’est une tranche de vie qui disparaît, un marqueur du temps qui passe« , estime Philippe Moati, co-fondateur de l’Observatoire société et consommation (Obsoco).

« Quand il est rentré dans les foyers, c’était un événement car, avec lui, on n’est plus obligé de regarder la télé en même temps que les autres. C’est un nouveau moyen de contrôle qui ouvre la voie à la désynchronisation des rythmes sociaux, c’est la fin de la grand messe du film du dimanche soir« , explique-t-il.

60 ans d’âge

Un phénomène qui n’a cessé de s’amplifier avec l’avènement de la vidéo à la demande: difficile aujourd’hui de réunir la famille autour d’un même écran, poursuit l’économiste.

Pour le magnétoscope, tout a commencé en 1956 quand Ampex, une jeune société californienne, présenta sous le nom VRX-1000 le premier appareil capable d’enregistrer des images sur une bande magnétique.

Mais du fait de son coût exorbitant (50 000 dollars américains de l’époque), le magnétoscope était réservé aux professionnels de la télévision, contraints jusque-là de diffuser les émissions en direct.

Ce n’est que dans les années 1970 que les premiers produits accessibles au grand public – sortes de mallettes surmontées d’une fente de chargement pour insérer la cassette – firent leur apparition, permettant au téléspectateur de revisionner des programmes à sa guise.

Crainte de piratage

Au tout début, l’arrivée du magnétoscope fut très mal perçue par l’industrie du cinéma qui y voyait « un instrument de piratage » et porta la question devant les tribunaux, relate l’OMPI. Mais « entretemps, les grands studios s’étaient aperçu que son succès, contrairement à ce qu’ils avaient craint, leur était très largement profitable », via les revenus générés par la vente et la location de cassettes.
Le magnétoscope dominera sans partage les années 1980-90, avant d’être éclipsé dans les années 2000 par le DVD, lui-même supplanté depuis par les vidéos sur internet.

Déjà enterré par beaucoup, il rejoint désormais le paradis des technologies obsolètes, où il retrouvera disquettes, pellicule photo et autres vieilleries. Connaîtra-t-il le sort du vinyle, redevenu à la mode depuis quelques années ? Peu probable, estime Philippe Moati, en raison de la piètre qualité de l’image des VHS et du manque de commodité de l’appareil.


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