PublicitéQJ juin 2022
music TIAS studio

Photo Emmanuel Grondin

Sais-tu comment on fait un album de musique ?

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Tandis que son ancêtre le vinyle a fait un retour en force ces dernières années, le CD (album physique) fait encore de la résistance. Mais au fait, comment ça se passe avant qu’il n’arrive dans les rayons ?

Dans l’un des studios de la Cité des Arts, l’ambiance est studieuse. Mathias Vienne, alias Tias est en pleine préparation d’un nouvel album, deux ans après la sortie de son premier LP, « Aster nous l’est là ». L’auteur-compositeur et interprète en était alors à l’étape du mixage, lorsque nous l’avons rencontré. L’occasion pour nous de découvrir les différentes étapes de la fabrication d’un album.

L’écriture

Tias conseille d’écrire plus de textes qu’il n’y en aura sur l’album. Pour son deuxième album, l’artiste a par exemple écrit une trentaine de chansons. « Il faut essayer de trouver une cohérence entre tous les titres, créer un corpus avec un fil conducteur, explique-t-il. Il faut se demander : lesquelles sont les plus fortes et qu’est-ce qui manquerait ? » Une fois que l’on a répondu à ses questions, on écrit « quatre ou cinq textes de plus ».

Si les textes du premier album étaient en créole, en français et en anglais, le prochain sera presque en français, raconte-t-il. Le fait d’être coaché par Fred Kocourek m’a beaucoup aidé. « J’estime que ce n’est pas parce que je suis réunionnais que je dois me sentir responsable d’écrire en créole ».

Les sujets abordés son prochain opus : l’amour de façon globale. Celui d’une mère, de son enfant, l’amour de son identité. Mais aussi le fait de garder son individualité, le vivre ensemble, et ce qui le touche en tant que papa.

La composition

L’écriture et la composition sont des étapes qui se déroulent en même temps. C’est en tout cas comme ça que travaille cet ancien enseignant. Il joue de la guitare mais aussi des percussions. Quand il a débuté, le musicien faisait « tout, tout seul » avant de participer à une aventure qui a bouleversé sa façon de travailler.

En 2013, il découvre les Voix du Sud et le projet des Rencontres d’Astaffort. « Quand on travaille avec d’autres personnes, on apprend à faire confiance et on gagne aussi en confiance », poursuit-il.

A son retour sur l’île, Tias multiplie les collaborations. Il co-écrit et co-compose notamment avec Marie Lanfroy du groupe Saodaj ou l’auteur-compositeur Mike Ibrahim. Ce dernier, qui a entre autres écrit « Tombé sous le charme » pour Christophe Maé, a apprécié le travail de Tias. « J’ai pu travailler pendant semaines dans son studio. Il m’a aidé par exemple sur « L’insoutenable beauté du monde ». » Selon le Réunionnais, travailler avec d’autres personnes permet d’apprendre « à fixer des limites, à savoir ce qu’on concède et ce qu’on garde ».

Les arrangements

Une fois que le corpus de titres est sélectionné, le musicien va travailler les arrangements. Il partage ensuite le résultat avec ses proches, voit leur impact sur eux, sur les musiciens, pendant les concerts, etc. « Il ne faut cependant pas garder uniquement les titres qui plaisent le plus, conseille-t-il, mais aussi celles qui nous font ressentir des émotions. » Pour lui, c’est « Ainsi va la vie » qui lui fait un bien fou quand il la joue !

Direction le studio

« Aujourd’hui, on dispose d’une banque de son assez incroyable », se réjouit l’artiste. Après avoir fait les arrangements, il choisit son instrumentarium, l’ensemble des instruments utilisés pour une Å“uvre. Il donne également sa forme au titre, choisit de mettre ou de ne pas mettre une intro par exemple, de modifier la structure, etc. L’objectif est de « positionner les instruments et faire des choix artistiques tout en préservant une certaine émotion brute ». Tias a pour cela fait appel au réalisateur Cyril Meric qui a insufflé « une couleur actuelle » aux morceaux.

Le mixage

Le mixage, compare l’ex enseignant, c’est « mettre en valeur les petites pistes de chaque chanson et les faire s’imbriquer ». Arrivé avec ses 14 titres et toutes leurs pistes prêtes, arrangés, Tias pensait en avoir déjà mixé sept au moment où nous l’avons rencontré à la Cité des Arts et n’en avait mixé que…deux. Pas de quoi s’affoler, néanmoins ! « Il faut s’adapter à la réalité du terrain et se dire que rien n’arrive sans patience, ajoute-t-il. Le mixage, c’est du travail d’orfèvre ». Il déconseille de négliger cette étape et de se dire « ça passe ou ça casse ! » En revanche, il faut aussi « accepter de figer ce que tu as fait à cet instant T », savoir s’arrêter. Avec 25 à 40 titres sur un seul titre, difficile de réaliser ce travail seul. Tias a été épaulé par l’ingénieur du son Zsolt Krizsai.

Le mastering

Le mastering, Tias le définit comme « le coup de vernis sur le tableau ». Il s’agit de mettre « au niveau standard » et « équilibrer l’ensemble » des titres pour leur diffusion. Il sera réalisé à Londres pour son second album. Le graphisme de l’album a été confié à Paul Rougier, graphiste à la Cité des Arts. L’artiste portois est accompagné par la Cité des Arts pendant 18 mois et bénéficie de coaching scénique, de coaching vocal, de mise en réseau avec des professionnels.

Gaëlle Guillou


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